Visages Villages

cbrachetCinéma, Critique1 Comment


J’ai vu Visages Villages quelques jours avant de quitter Paris, quelques jours avant de m’échapper de la ville pour rejoindre la côte et l’océan, la campagne en passant, et c’était le film idéal pour accompagner le passage d’un environnement urbain aux lieux de villégiatures estivaux, une délicieuse transition entre la frénésie parisienne et l’indolence d’endroits plus excentrés.

Visages Villages c’est un documentaire poétique, un moment de grâce qui donne à voir, comme le titre l’indique, des visages et des villages, mais bien plus encore.

Ce film m’a touchée comme rarement. J’ai aimé être bousculée par l’évidence d’une relation a priori surprenante, être prise par le jeu des échanges taquins entre Agnès Varda et JR. J’ai admiré la force des liens qu’ils avaient réussi à faire exister, JR, l’homme aux lunettes noires, celui dont on ne verra jamais les yeux, jeune homme aux mille visages, aux milles idées, et Agnès Varda, sans cesse éblouie, toujours émerveillée et étonnée, vieille figure de la jeunesse éternelle.

Ce film repose sur cette collaboration hors du commun, mettant en scène les échanges tendres et riches de deux personnalités très différentes. Car c’est aussi cela que nous montre le film, qu’il faut se méfier des présupposés et des premières impressions puisque finalement, de cette incroyable rencontre n’émergent que tendresse, bienveillance et sincérité. Et tellement d’énergie : ces deux là se motivent et se nourrissent intellectuellement l’un l’autre.

Visages Villages, c’est le voyage de deux personnalités fantasques qui vont à la rencontre des autres ; il y a ceux à qui ils ont donné rendez-vous, ceux qu’ils ont croisés par hasard. Il y a aussi ceux à qui ils ont donné rendez-vous mais qu’ils ne rencontreront pourtant pas : cette visite chez Jean-Luc Godard qui n’aboutira pas est un des moments les plus forts du film, pleine de traces à interpréter, de souvenirs qui semblent remuer une Agnès Varda tourmentée par cet ami de longue date.

Et puis des villages, et puis ces visages. Tout au long du périple, les personnages se succèdent dans le camion photographique et deviennent des visages ou des figures collés sur les murs : ils ne passent pas à la postérité, non, mais accèdent à une notoriété, éphémère. Ce magnifique collage géant, réalisé à partir d’une photographie prise par Agnès Varda représentant son ami Guy Bourdin, qui disparait lavé par la mer, fait partie des moments enchanteurs du film.

Beaucoup d’images, somptueuses et émouvantes restent en tête longtemps, très longtemps, tout comme cette phrase, prononcée par Agnès Varda : « le hasard a toujours été le meilleur de mes assistants ».

Qu’il guide nos pas et nous surprenne toujours.


One Comment on “Visages Villages”

  1. Votre commentaire me touche beaucoup. J’ai vécu l’aventure de très près étant la maman du monteur véritable artiste qui donne le tempo au film …dommage jamais un mot sur le 3eme membre du film …et que dire encore d Émile Guillaume Rosalie et tous les autres….

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