VENUS, I’m not like everybody else

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De cette exposition Laurent Chalumeau écrit qu’il s’agit de « femmes nues que seule leur rousseur habille et que leur blancheur défend. » Jolie formule qui fait mouche, qui claque, comme ces clichés qu’on ne se lasse pas de contempler.

Elles s’appellent Sophie, Florestine, Maud, Louna, ou Céline, et avant même que je pose les yeux sur elles, ce sont elles qui me regardent.

Avec aplomb.

Elles me fixent et semblent me dire qu’elles assument tout, leur nudité, leur peau laiteuse, leurs chevelures et toisons chatoyantes. Elles sont fières d’être là, de montrer leurs corps, de s’exposer, d’être exposées.

Ce qui frappe dans cette série de photographies, c’est que derrière une unité apparente, tout n’est que diversité et contraste : blanc versus noir, rondeur versus minceur, pudeur versus exhibition. On voit la peau, on voit les corps, les muscles, les os aussi parfois.

Si cette collection de femmes nues fonctionne comme un tout, l’hétérogène travaille l’homogène, et les individualités trouvent un espace pour s’affirmer et s’accomplir dans l’interstice.

Carole et Ariane sont enceintes. Elles portent toutes les deux un ventre rond, le supportent chacune à leur manière. Cette exposition, c’est aussi l’émergence d’une multitude de manières d’être, une multitude de manières de vivre la mise en scène, le rapport à l’objectif, au photographe. Si le fond est toujours le même, noir, si le cadre est similaire, carré, les personnalités s’affirment avec intensité dans l’uniformité de ce décor.

Une évidence s’impose alors : de la nudité surgit la personnalité. Même nues, même rousses, ces femmes ont toutes une allure différente. Un regard, une posture, une façon de poser, une coiffure, un accessoire qui apparaît, un rien qui habille. Nues, rousses, laiteuses, mais uniques.

Dans cette profusion de signes, le spectateur ne sait plus où donner de la tête, chaque détail fait sens. Je remarque Céline, le modèle choisi pour illustrer la couverture du catalogue. Céline s’anime, elle semble en mouvement, ondule, finit par faire oublier la dimension statique de la photographie pour laisser place au souffle du vent dans ses cheveux. J’aime le mouvement de sa silhouette, on dirait qu’elle remue. « Photos qui bougent encore » dirait Diastème.

Nues, ces femmes sont libres, et pourtant elles sont contraintes par le cadre, cette boîte noire qui les subliment et les enferment à la fois. Là encore c’est le contraste qui structure le discours puisque l’espace fermé valorise un corps sans entrave, presque revenu à l’état de nature.

Ces femmes blanches sur fond noir, éclairées par leur rousseur, je les regarde une dernière fois, et tandis qu’elles continuent de me fixer, c’est moi qui finit par détourner le regard, admirative.

VENUS, I’m not like everybody else

Richard Schroeder

du 8 novembre au 27 décembre 2014

Galerie Sit Down, Paris


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