Sujet Inconnu

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J’ai lu Sujet Inconnu de Loulou Robert. Et je vais en parler même si je trouve l’exercice bien délicat.

J’ai lu beaucoup de critiques dithyrambiques sur ce livre et j’ai beaucoup de respect pour son auteur, parce que Denis Robert, parce qu’Erwan Larher, parce que tant de beauté me fascine, tout ça, tout ça.

Et pourtant c’est le tout premier livre de Loulou Robert que je lis, et j’avoue que comme pour beaucoup, l’image de cette jeune auteure a dû jouer, constituant longtemps un frein, je l’avoue. Pour de mauvaises raisons, je le reconnais.

Loulou Robert est d’une beauté à couper le souffle, le genre de visage qu’on n’oublie pas, une beauté particulière, avec une très forte personnalité, bien loin des mannequins qui recouvrent les papiers glacés. Son regard est profond, on y lit la fragilité, la complexité, la douleur aussi. Et pourtant. Rien ne m’avait décidé à sauter le pas.

A force de voir passer tous ces avis, peut-être pas très objectifs mais convaincants cependant, je l’ai acheté. Et je n’ai pas regretté.

Et pourtant. J’ai encore du mal à distinguer ce qui relève du caractère bouleversant de ce qu’elle raconte dans le livre de la qualité littéraire de l’objet.

Au premier abord, j’aurais dit que l’écriture relevait de la facilité : un contenu qui semble se nourrir de nombreux éléments autobiographique, une écriture qui semble très spontanée, une syntaxe brute, très épurée.

Mais en prenant un peu de distance, on se rend compte qu’il y a une vraie construction, une vraie complexité dans la composition du tableau. Et puis par expérience, je sais très bien que ce n’est pas si simple de bien raconter une histoire, de la développer en détails, de tenir le rythme sur la longueur.

Cette facilité apparente, liée ici à l’urgence de l’écriture, à la violence de la confidence, masque en fait un exercice très compliqué qui implique de savoir tenir en équilibre, sur le fil. C’est compliqué de toucher vraiment, d’émouvoir avec élégance, c’est compliqué de laisser percevoir des failles, de dire l’amour avec justesse, de montrer la perversité sans se répandre, sans déborder. C’est compliqué de laisser une place à la vie quand tout n’est que grisaille et tristesse, de laisser émerger la passion, de faire une place à toute cette énergie qui nous anime quand même, quoi qu’il en soit. Montagnes russes dans l’écriture, des hauts, des bas, se relever, toujours. Pour gagner.

Le texte est brut, percutant, hyper fort, et rempli de pépites, aussi. Ca retourne à l’intérieur, ça renverse, on se laisse embarquer, on est sonné. Et puis se rendre à l’évidence, se dire que ce qui est troublant dans ce texte, c’est son universalité : à travers une histoire en apparence très personnelle, ça parle de nous tous, en creux. Je me suis souvent retrouvée dans ce texte, dans cette vision du monde, dans la manière d’être, d’essayer d’exister du personnage féminin.

Deux jours de lecture. Deux jours qui m’ont sauvée, m’ont aidée à remonter la pente de la fin de l’été, à relativiser, à aller puiser de l’énergie, à me rendre compte qu’elle était renouvelable, que finalement non, toutes les ressources n’étaient pas épuisées. Ce roman m’a regonflée, reboostée, il m’a filé la grande claque dont j’avais besoin pour tenir, pour repartir, la fleur au fusil.

« Si je devais résumer mon livre, je dirais que c’est un livre d’amour, voilà. » Loulou Robert

Et bien plus encore. Voilà.


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