Pelouses interdites

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Je tourne la tête et regarde par la fenêtre. Je vois des fleurs, plein de fleurs, des blanches, des roses, des jaunes, des violettes. Il y a aussi un chat, il est blanc, il a le poil long, il profite.

C’est le printemps, sans aucun doute. Le printemps est là et je ne le savoure même pas.

Drôle de période où, installée à mon ordinateur, je travaille d’arrache-pied, tout en étant quelque peu préoccupée. Au point de ne pas m’apercevoir que les pâquerettes ont envahi la pelouse, au point de ne pas avoir vu que les jonquilles fanent déjà.

C’est mon fils qui m’a montré le chat, lui est très attentif à tout cela. « Mimiaou » crie-t-il plein de joie.

Dans quelques jours, dans 3 semaines environ, un petit frère arrivera. Hâte de faire sa connaissance, hâte de voir s’il ressemblera à A. ou pas. C’est étrange l’arrivée d’un deuxième enfant, rien à voir avec celle du premier. L’impression que la place est déjà prise. En quelque sorte.

J’ai aussi profité de cette période un peu coupée du monde pour mettre un point final à une énième version d’un texte que j’ai enfin déclaré fini. Cette fois-ci, si personne n’en veut, je passerai à autre chose, je considèrerai qu’il est arrivé à la fin de sa vie. Je l’ai transmis à quelques précieux lecteurs, et curieuse de lire leurs avis, j’attends patiemment. 

Ce texte, je l’ai porté en moi bien plus longtemps que mes enfants. J’y tiens beaucoup, je serais triste je crois de le voir mourir, de devoir le laisser partir.

Il a pourtant toutes les chances de finir ainsi, dans l’oubli d’une mémoire d’ordinateur. Pour oublier la douleur je crois que je reviendrai écrire ici. J’en ai souvent envie, mais ne prends pas le temps, c’est dommage ; ce magnolia en fleurs devrait m’inciter à regarder plus souvent par la fenêtre, il devrait me donner envie de prendre le temps d’écrire régulièrement.

Mais tout bientôt viendra l’été, la chaleur, les vacances, le repos, l’éloignement du clavier, de l’écran. Et puis il aura les enfants, l’un batifolant par ci par là, l’autre criant famine trop régulièrement. Je ferai ce que je peux, pas de pression, jamais, de l’impatience seulement.

Je tourne la tête et regarde par la fenêtre. Je vois un panneau qui, je crois, n’était pas là :

« Pelouses interdites ».

Dommage, je serais bien descendue marcher pieds nus dans les pâquerettes, là maintenant, pour aller caresser le chat.


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