Les regrets

adminHumeur, Non classé1 Comment


photoTrès souvent, et il me semble déjà l’avoir dit ici, ses billets me donnent envie de réagir, de rebondir, d’épiloguer sur le thème abordé. C’est bien normal, c’est logique, ils font réfléchir car ils sont réussis. En tout cas ils me parlent.

Souvent pourtant je me retiens, peur de l’agacer, peur de me contenter de choisir la facilité aussi, et peur de ne pas être à la hauteur surtout, de prolonger avec maladresse et lourdeur quelque chose de beau, de subtil.

Aujourd’hui, et j’espère qu’il ne m’en voudra pas, je fonce, je ne réfléchis pas plus que ça, j’embraye sur son sujet. (Un beau sujet, les embrayeurs, à mettre en réserve.) Et oui, que voulez-vous, c’est difficile de se renouveler, compliqué de trouver une idée qui vaille le coup d’être superficiellement creusée ; une page environ pour plier. Et puis j’ai plein de choses à faire, des choses qui me prennent du temps (on appelle aussi ça du travail). Bref des excuses, il suffit de secouer un peu et elles tombent par dizaine, c’est l’automne, plus rien ne tient aux branches, c’est la saison qui veut ça.

Et puis pour être honnête, ce n’est pas la vraie raison ce manque d’inspiration qui serait en train de me terrasser. Non, c’est juste que regretter est une de mes activités favorites. 

Dans le dernier papier de Diastème, il était donc question d’une jeune actrice qui ne regrettait rien. Je ne sais pas qui est cette actrice, j’ai vaguement cherché sur Internet, très vite, je n’ai rien trouvé, j’ai vite abandonné car au fond je m’en fichais, ce n’était vraiment pas la question de savoir qui avait dit cela. La question, c’est plutôt : mais comment peut-on ne rien regretter ? Je regrette sans cesse, tout et n’importe quoi, certaines choses accomplies, celles que j’aurais dû accomplir, des décisions prises, d’autres que je n’ai pas prises justement, ou alors pas au bon moment, des opportunités à côté desquelles je suis passée trop vite, en courant et sans regarder vraiment. Enfin bref, je crois qu’on l’a bien compris, pas la peine de charger cette page d’exemples plus concrets, impossible pour moi d’affirmer sans mentir que non, je ne regrette rien.

J’aime beaucoup le texte de Diastème. Il cite Edith Piaf, Non je ne regrette rien, alors que spontanément c’est à Daniel Darc que j’ai pensé, et à cette chanson en particulier, La Pluie qui tombe, la toute première d’un très bel album, Crève-cœur. Peut-être ma préférée, peut-être pas, car j’adore ce disque tout entier. Quel rapport se demandent alors ceux qui n’ont jamais entendu cette chanson entre la pluie qui tombe et les regrets? Les paroles, simples et fortes, qui me sont revenues instantanément à l’esprit.

Les regrets ça va droit au cœur / Et ça y reste / Jusqu’à ce qu’on meurt

Cette chanson est sublime, écoutez là en entier, le lien est en bas. Cadeau. Et puis ensuite écoutez tout l’album, il est somptueux. Daniel Darc est somptueux, je me souviens de plusieurs concerts, dans l’auditorium du Louvre, dans le jardin du Palais Royal, et je pense au prochain, dans la nef du collège des Bernardins. C’est bientôt, j’y serai.

Finalement je m’égare car au départ, c’est sur l’addendum de Diastème que je voulais rebondir. A l’origine de ce billet était l’addendum. Cela dit, c’est une très bonne idée de parler de Daniel Darc, je m’en félicite, comme ça, si une pauvre âme ne connaissant pas Daniel Darc passait par là, elle n’aurait pas perdu sa journée. Il ne faut jamais chercher d’utilité à quelque chose qui n’en a pas, c’est idiot. Ce blog ne sert à rien, c’est le principe et il faut l’admettre, seule la beauté du geste compte. L’addendum donc :

« Par exemple, cette année, et je ne vais pas le cacher, quand ma vie est très compliquée, quand je dois faire des choix, quand tout s’emballe autour de moi, je mets la vie en attente et je me réfugie sur ce blog, je décide d’écrire un papier. Tout le monde devrait avoir un blog, en fait… Cher journal…  Mais, d’une manière ou d’une autre, tout le monde fait ça depuis toujours, non ? »

Quand tout s’emballe, à l’inverse je trouve que c’est encore plus compliqué de maintenir le cap ici, d’être présente, régulière, de donner le change. Certes c’est parfois bon de pouvoir tailler des costards trois pièces à des personnes qui vous ont déçus, c’est parfois salvateur d’avoir un espace dédié aux coups de gueule et de cœur, c’est agréable d’avoir un lieu de digression attitré, et plus encore de pouvoir le transformer en espace de fiction.

Une définition possible du luxe : avoir un blog à soi. Un luxe que non, je ne regrette pas.

 


One Comment on “Les regrets”

  1. J’ai pensé aussi à Edith Piaf en tombant sur l’article auquel fait allusion monsieur Diastème. Au titre du vôtre, j’ai pensé à “Il y avait des illusions /dans ma main que tu laissais /sous ton pull
    over”

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