Kahn, euh non pardon, Cannes

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cannes.jpgPas cette année, non, je n’irai pas. Pas envie, la flemme.

Je resterai à Paris. Et ça tombe plutôt bien car j’ai plein de choses à y faire à Paris. Alors qu’à Cannes…  

Sérieusement, j’y ferais quoi moi à Cannes ?

Je danserais avec qui ?

 

Je ferais la vaisselle avec qui ?

Je me cognerais dans qui ? 

Je boirais un pastis avec qui ?

De toutes façons, c’est très simple, je n’ai absolument pas le temps d’aller à Cannes, quand bien même on m’y trainerait de force. Tellement à faire ici. Je ne trouve même plus le temps d’écrire, je ne trouve plus de temps pour publier des billets régulièrement : manque d’assiduité, manque de régularité, pas bon tout ça.

Au moins si j’étais allée à Cannes,  je me serais assise dans un avion, une fois à l’aller, une fois au retour, et j’aurais eu du temps pour raconter.

Par exemple, j’aurais écrit sur le discours tout pourri et le manque de grâce de la maîtresse de cérémonie, j’aurais commenté les robes des actrices car je m’y connais super bien en robes. Et oui.

Bon d’accord ce n’est pas la peine d’aller à Cannes pour pouvoir évoquer cet aspect du festival, il y a Canal+ pour ça! Sans bouger de son canapé, on voit la cérémonie, on peut médire tranquille, personne ne nous écoute, on voit les acteurs monter les fameuses marches, faire deux trois commentaires convenus, un beau sourire, et puis s’en aller. Ca, c’est ce qu’on voit. On ne voit pas les films, on ne voit pas les soirées endiablées, on ne voit pas derrière le décor, on ne voit pas après, quand le maquillage dégouline le long des mines défaites. Au fait, la fête Canal était très réussie cette année m’a-t-on dit…

Si j’étais allée à Cannes, je vous aurais sans doute parlé des fêtes aussi. Le problème c’est que je n’aime pas trop ça les fêtes, donc je n’y serais pas allée, donc je n’aurais rien eu à vous raconter. 

Je sais bien qu’à Cannes, on y va aussi pour voir des films. C’est le bon côté des choses, se poser toute la journée et enchainer les projections. Avoir le plaisir de découvrir les films avant les autres, le coeur vierge, sans avoir l’esprit parasité par les avis des uns, les reproches des autres. Pouvoir poser son regard avant que la vue ne soit polluée par le regard des autres.

Pourtant les grandes lignes du tableau sont déjà tracées puisque des gens, en amont, ont déjà orienté la forme et choisi les couleurs : des films sont valorisés, ils sont visibles dans la compétition officielle, alors que d’autres gravitent autour dans des sélections annexes. D’autres encore sont absents, carrément. 

Je me suis souvent demandé qui étaient ces gens qui se livraient à cet exercice ô combien hasardeux. Qui sont-ils pour se permettre d’établir la liste de ceux qui méritent d’y être et ceux qui ne le méritent pas ? Ils sélectionnent, trient, excluent aussi, selon des critères mal établis, pour finalement proposer un choix qui leur est propre, qui leur convient à eux. Mais nous convient-il à nous spectateurs?

Je me souviens que quand j’étais gamine, j’achetais Première au moment de Cannes, uniquement à ce moment-là. Je le compulsais ensuite frénétiquement pendant de longs moments, cela me permettait sans doute d’y être, un tout petit peu, par procuration.

Et puis j’ai vieilli, j’ai trouvé ça sans intérêt, ils ne parlaient pas des films que j’aimais, et j’ai acheté Les Cahiers du cinéma, parfois. En lisant les Cahiers il ne s’agissait plus de se projeter au plus près des paillettes, mais plutôt de chercher à s’approcher au plus près des films, il s’agissait d’effleurer ces gens qui fabriquent de la vie ailleurs.

Plus jeune j’adorais Cannes, la montée des marches, les paillettes, j’aurais tout donné pour être là-bas. Et puis plus les années passaient, plus je scrutais ça de loin, plus j’observais avec dédain, l’œil mauvais, presque avec dégout. Fascination puis répulsion.

Et puis j’ai lu son avis, ces souvenirs à lui : en fait Cannes, ça pouvait aussi être quelque chose de joli. Cette superficialité assumée ne lui allait tellement pas qu’il devait forcément y avoir autre chose de beau derrière tout ce cinéma.

Donc si on m’invitait, j’irais pour voir, j’essaierais de comprendre ce qui anime ces parisiens qui migrent vers le Sud chaque année, au mois de mai.

 

 


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