Hier soir les hommes de Cherkaoui ne portaient pas de jupe. Pas cette fois.
Ils étaient nombreux à évoluer sur la scène de la grande halle de la Villette : environ une dizaine de danseurs, trois musiciens, et un calligraphe. Somptueux.
Le spectacle s’appelle Tezuka. Tezuka comme Osamu Tezuka, un des artistes majeurs de l’histoire du manga auquel Sidi Larbi Cherkaoui a décidé de rendre hommage.
Je n’ai aucune attirance pour les mangas, je n’en lis pas, je n’y connais rien. Bon Astro Boy, ça me disait quelque chose, quand même, mais j’atteins très vite les limites d’un sujet qui, pour être honnête, ne m’attire pas spécialement.
C’est donc bien pour Cherkaoui que j’étais là, pour voir de la danse, des corps en mouvement, plus que pour le sujet abordé.
Un spectacle en deux parties, aéré par un entracte. Mais à mi-parcours je n’avais pas besoin d’air. Si les danseurs eux, avaient peut-être besoin de souffler, les spectateurs absolument pas. Pendant les 45 premières minutes, j’ai été surprise, bouleversée, absorbée par ce qui défilait sous mes yeux, par ce ballet atypique, assez indescriptible (disons plutôt que je n’ai pas très envie de décrire).
Tout au long de la soirée, je n’ai cessé de me répéter à moi-même que c’était incroyable, que ce mec était un magicien.
Ce spectacle est magique, esthétique, original, d’une richesse incroyable.
Puis la pause est arrivée, imposée, malgré le fait que je n’avais pas du tout envie d’attendre 20 minutes, malgré le fait que j’avais très envie de rester immergée encore un instant dans cet univers sonore et visuel tellement poétique.
Et puis ça a repris, avec la même énergie, et de nouvelles surprises à chaque instant.
J’ai entendu des commentaires moins enthousiastes, déjà à l’entracte, et puis à la fin en sortant, mais je ne partage pas l’avis de ces gens. A ceux que j’ai entendu dire qu’il n’y avait pas assez de danse, j’aurais pu répondre que la danse était partout, dans chaque bras qui se levait, dans l’intensité de chaque déplacement, dans chacune des inventions chorégraphiques que nous avons eues sous les yeux.
Et à ceux que j’ai entendu dire qu’il y avait trop de choses, que le spectacle était trop riche, j’aurais pu répondre que quand c’est beau, ce n’est jamais trop beau.
Cela me fait penser à quelque chose d’autre de beau, de très beau, d’exceptionnel et de quasi unique, à un cadeau d’une valeur inestimable.
Quelque chose qu’il me fallait, que je souhaitais profondément, que j’ai finalement eue.
Maintenant qu’elle est accrochée, là en face de moi, dans mon salon, je me réjouis de pouvoir la contempler, de pouvoir reculer pour l’observer de loin, de pouvoir m’approcher d’elle à chaque instant. Je me réjouis de pouvoir juste y jeter un œil en passant, de pouvoir m’arrêter et l’observer longuement, dans ses moindres détails.
Cette photo je l’aime vraiment.
En parlant de cadeau, j’en profite pour célébrer une date anniversaire : et oui, le 16 avril ce blog a eu un an. Un an déjà que j’essaie d’écrire à peu près régulièrement sur à peu près n’importe quoi. Le temps passe tellement vite que j’ai raté la date ; je m’en veux un peu, comme si j’avais raté l’anniversaire d’un ami qui m’est cher. Car finalement ce blog c’est un peu comme un ami, j’y pense très régulièrement. Je ne dirais pas qu’il m’obsède, non, comme un ami j’ai dit, mais que j’y pense oui. Avec tristesse parfois, car je regrette de le délaisser trop souvent, et avec une grande tendresse aussi bien sûr. J’aime bien l’idée qu’il existe, qu’il soit là.
Comme un ami.