"Un culte insensé"

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J’adore les concerts, l’idée même du concert me réjouit. J’aime le principe de l’artiste sur la scène, j’aime la proximité qui s’installe avec les spectateurs.

J’aurais pu écrire par exemple sur les nombreux concerts de Benjamin Biolay auxquels j’ai assisté, tous magiques, du premier il y a une dizaine d’année, au dernier si loin déjà. Certains ont dit qu’il avait progressé, je ne suis pas sûre que le progrès ait grand chose à voir là-dedans. Il a changé, il a vieilli, s’est affirmé, s’est forgé une carapace, du moins en apparence. Sa voix s’est déplacée, s’est assumée, s’est patinée, avec le temps, clope après clope et verre après verre. Il partage peut-être davantage, donne plus aux spectateurs, mais surtout il profite de cet instant de grâce que seule la scène permet.

Mais si je vous parle de ça aujourd’hui, maintenant, c’est parce qu’hier soir j’ai vu un très beau concert, un concert très réussi, d’un chanteur qui est fort sur scène, qui est doué pour transmettre son ressenti au public avec légèreté, voire avec sincérité.

Alex Beaupain capte la lumière comme il capte l’amour que les gens lui envoient, car oui, il s’agit bien d’amour je crois. Hier j’ai vu un public enthousiaste, vraiment, vibrant à l’unisson.

J’aime les concerts parce que c’est émouvant, parce que c’est une expérience unique. Cette suspension volontaire du réel est éphémère, elle ne se reproduira jamais à l’identique puisque le spectacle vivant n’offre qu’une parenthèse, intimement liée à l’instant présent. Pour cette raison, un concert est précieux.

Je me souviens de regards échangés, de connivence, d’une proximité très particulière, réelle bien que tellement superficielle, lorsqu’on est tout devant, physiquement proche de l’artiste.

Hier soir ce n’était pas le cas, j’étais trop loin, la singularité de l’expérience se situait ailleurs. J’ai vu des gens, beaucoup de gens, les autres, ceux avec qui on partage l’artiste. J’ai croisé des regards, connus et inconnus, j’en ai évité, j’en ai cherché. J’ai croisé des connaissances avec qui j’ai discuté et j’ai été parfois surprise de découvrir que nous avions un point commun, nous écoutions Alex Beaupain. J’ai aussi vu des gens plus proches qui ont fait le choix de rester loin. J’ai respecté. J’ai observé.

Mais tout ça, c’est annexe. L’essentiel, c’est la prestation d’Alex, le délicieux moment que j’ai passé, de ces moments qu’on aimerait sans fin alors que la scène finit toujours par se vider, alors que les lumières finissent toujours par se rallumer et que l’euphorie finit toujours par vous abandonner. On le sait, c’est la règle du jeu, elle est connue d’avance, mais le temps de quelques chansons, on accepte de croire que celui qui nous parle, là-bas, ne va jamais s’arrêter, ne va jamais nous laisser.

A l’extinction des feux, généralement, une longue quête commence : l’envie profonde de revivre, ou du moins de s’approcher de nouveau au plus près de ce délicieux moment qui s’évapore. Trouver d’autres dates et y retourner encore.

J’irai demain soir au Pont des artistes, je m’arrêterai au mois de juillet sur la route des vacances à la Rochelle, j’irai au Bataclan au mois de novembre dans la rigueur de l’hiver, pour revivre, plus ou moins fidèlement, ce que j’ai vécu hier soir.

Alex est brillant, Alex est touchant, beaucoup. Il est fragile et fort à la fois, il mêle talent d’acteur et talent de chanteur. Alex est élégant, charmeur, charismatique, il aime la scène, et se livre au public avec générosité et sensibilité. Alex est un grand.

Et puis il a chanté, magistral, ma chanson préférée : elle s’appelle Un culte insensé et je vous invite vivement à l’écouter, maintenant, tout de suite, il suffit de cliquer là, en bas. Cette chanson est sublime, c’est tout.

Enfin pour revenir sur une voix, dont j’ai déjà, et assez maladroitement, parlé, et bien hier soir elle était toute particulière, moins claire, plus rugueuse, plus imparfaite surtout, et c’est ce qui m’a plu, m’a touché, enfin.

Bref la Cigale hier soir ressemblait à une bulle de bonheur, avec des gens heureux à l’intérieur. J’ai pensé « au bruit de la salle qui sourit », et j’ai regardé Diastème, heureux, pas très loin, à ma droite. Il était fier de son ami, je vous le garantis, et ça, c’était vraiment beau aussi.                  

 

A propos de bulle, de spectacle, de salle qui sourit, je pense à ces capsules mises en scène au Ciné 13. Le festival commence ce soir avec Horizontal, une pièce écrite par Salomé Lelouch et Diastème.

J’irai, je n’irai pas, je ne sais pas, mais ça va être superbe, j’en suis certaine, alors vous, allez-y.


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