De Beaux lendemains

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Il faudrait que j’en écrive un autre, là maintenant aujourd’hui. Le précédent date de jeudi, déjà. Pas plus de trois ou quatre jours sans poster de billet, c’est ce qu’on m’a dit, alors j’obéis.

Ca n’a l’air rien comme ça, mais en vérité, sur la durée c’est un rythme soutenu, une vraie course de fond. Avoir une idée, trouver quelque temps à lui consacrer, écrire prestement, se relire promptement, pour enfin poster, libérée.

Je me demande d’ailleurs comment je vais faire cet été, quand je serai loin de mes ordinateurs, occupée, appliquée à ne rien faire, là-bas au bord de l’eau.

Oui dans un mois, c‘est la quille, direction l’océan.

Je m’interroge : un mois et demi sans poster de billet, c’est indigne d’une blogueuse sérieuse, non ? En même temps, je suis tout sauf une blogueuse dans l’âme. Une blogueuse, c’est une nana qui met en ligne des recettes de cuisine, ou des avis sur des fringues, du maquillage, non? J’admets, c’est un point de vue très réducteur, j’en ai bien notion, mais c’est à travers cette grosse caricature que je regarde le monde.

Je n’ai absolument rien contre les gens qui partagent leurs recettes de cuisine, je peux parfois même leur être reconnaissante. J’adore manger, on ne se refait pas. J’aime aussi cuisiner, car pour être certaine de bien manger, on n’a encore rien trouvé de mieux. Sauf quand on est très riche, on peut se sustenter aux tables des chefs étoilés, mais ce n’est pas mon cas, alors les étoiles, je les regarde dans le ciel, et m’affaire en cuisine.

Ecrire sur les fringues, impossible, même si j’aime beaucoup les beaux vêtements, j’ai quand même autre chose à faire que d’épiloguer sur la couleur d’une robe ou le tombé d’un pantalon, soyons un tout petit peu sérieux. Pourtant je sais combien c’est important, tout ça, c’est de l’art, et quand je lis «qu’importe l’escarpin pourvu que le pied soit beau » forcément je m’insurge. Bien sûr que l’escarpin est central, il l’est d’autant plus que le pied est beau.

Quant au maquillage, mon incompétence est sans limite, se tartiner des couleurs sur la peau, je ne sais pas faire, mais alors pas du tout. J’aime les couleurs, j’aime les pigments, mais ceux qu’on achète chez Sennelier pas ceux qu’on vend chez Sephora.

Ce lundi est si lent, gris glauque, plus très envie du coup.

Ca doit être le temps, ce temps de Toussaint alors que nous entrons dans l’été, cette lumière de novembre qui n’éclaire rien du tout. Il n’est que 17h et déjà il fait nuit. Pas nuit noire non, nuit gris.

J’ai travaillé, j’ai taillé un rosier, j’ai travaillé à nouveau, j’ai papillonné, seulement voilà, aucune de toutes ces belles activités ne constitue un beau sujet à développer.

De digression en digression, on dirait que j’avance.

Je pourrais vous parler cinéma, bien sûr, ce serait facile puisque j’ai récemment vu trois beaux films, très différents. Je pourrais vous parler théâtre aussi, à la limite, puisque j’ai vu une très belle pièce l’autre soir.

C’était jeudi.
Je suis allée au Théâtre des Bouffes du Nord, c’est une vraie galère d’aller jusque là-bas, en théorie, c’est loin de chez moi. Heureusement, en scooter, tout est simple, à portée d’accélérateur. J’ai donc roulé, musique à fond, sur les quais de Seine, comme j’aime. Musique à fond car j’étais passagère, je précise car on m’interdit d’écouter de la musique quand c’est moi qui conduit, mais j’avoue, j’aime tellement ça que bien souvent je n’obéis pas. Je mets moins fort, c’est tout. Pas fort du tout, j’entends tous les bruits autour, si si…

La musique et le scooter, c’est un tout, c’est magique. Avant de traverser Paris je choisis toujours avec une grande application la bande originale de mon parcours. Ensuite, c’est comme dans un film, un bon film, pas un mauvais Woody sur Paris, un beau film avec moins de filtres et plus de vie.

C’était la première fois que j’allais là-bas et je n’ai d’abord vu que ces murs, des murs magnifiques qui se suffisent à eux-mêmes, qui vous transportent très loin rien qu’en les regardant.

C’est sans doute excessif, mais je vous assure qu’en fixant ce mur devant moi, sur lequel se détachait une ouverture, j’étais subjuguée. Complètement absorbée par le lieu, par cette porte noire simple entaille dans ce mur rouge, j’ai écouté les voix des acteurs qui parlaient dans le micro. Face au public, les protagonistes se sont succédés sur un sol couvert de neige, le temps d’un témoignage.

La mise en scène, qui peut paraître austère dans un premier temps, tellement épurée qu’inexistante, s’avère finalement d’une touchante simplicité. Plus la pièce avance, plus cette simplicité s’impose comme une évidence. L’essentiel y est.

De Beaux lendemains, adaptation du roman de Russell Banks, mise en scène d’Emmanuel Meirieu.

En salle : Pourquoi tu pleures ? de Katia Lewkowicz , Une Séparation d’ Asghar Farhadi , et Blue Valentine de. Derek Cianfrance.

Mais pas envie de vous expliquer pourquoi j’ai aimé, alors allez-y, vous vous ferez une idée.


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