Aimer les châteaux de sable, indéfectiblement

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Lundi après-midi il faisait très beau, et pourtant, je suis allée m’enfermer dans l’obscurité et la fraîcheur d’une salle de cinéma. Pour mon plus grand bonheur.

C’est donc par un beau jour de printemps, lent et doux comme le sont les jours fériés, que j’ai eu la chance de découvrir enfin Les Châteaux de sable, le très beau film d’Olivier Jahan.

Alors que j’attendais devant le Gaumont Opéra, impatiente, je me rendais compte que mes attentes concernant ce film étaient considérables. J’avais suivi de loin les différentes étapes sur la page Facebook dédiée à Ker salloux finalement devenu Les Châteaux de sable, titre que j’ai tout de suite trouvé formidable. J’avais vu des images, des photos de tournages toutes plus belles les unes que les autres, j’avais regardé la bande-annonce, qui remplissait bien son rôle et m’avait donné envie.

Et puis bien sûr, pour ne pas dire surtout, je savais que mon ami Diastème avait co-écrit le scénario. Il se trouve que tout ce qu’écrit Diastème est sublime –et non je ne dis pas ça parce que c’est mon ami–, il y avait donc de grandes chances pour que ce film le soit aussi.

Et enfin la Bretagne. Ses paysages, ses lumières, et la mer qui me manque tant. Lundi j’ai entendu le bruit des vagues, le bruit de la mer qui roule sur les galets, très différent de celui des vagues qui éclatent sur les rochers assérés.

J’ai aussi été bousculée, peut-être même bouleversée, par cette histoire dramatique et touchante, j’ai été emportée par ce couple, cinématographique. Il faut reconnaître qu’Emma de Caunes et Yannick Rénier sont beaux, séduisants, admirables. J’ai moi aussi pensé que « ces deux là n’auraient jamais du se séparer ».

Je n’oublierai pas ces châteaux de sable, jamais, je n’oublierai pas l’ambiance, changeante, parfois pesante, tendue, électrique, soudain joyeuse, légère, détendue, comme la vie en somme.

Le temps d’un week-end, Eléonore et Samuel sont devenus des funambules, ils ont pris des risques, même le plus dangereux, celui de se fracasser sur le sol à tout moment. J’ai eu peur pour eux, peur qu’ils basculent, j’ai espéré que les tensions s’apaisent, viscéralement, ils avaient tellement besoin l’un de l’autre.

Si tout au long du film le souvenir et le temps qui passe semblent hanter les personnages, ils les rassurent également. Et ce n’est pas pour rien que la photographie tient une place centrale dans l’histoire : le père photographiait, la fille a pris le relai, et si toutes ces photos ponctuent joliment le film, c’est parce qu’il s’agit de véritables traits d’union intergénérationnels, de traces du passé dans le présent, du présent dans le futur. Tous ces choix formels judicieux, cette esthétique du souvenir subtilement mise en scène, ajoutent une touche d’originalité au film et servent le propos avec une grande délicatesse.

Lundi j’ai vu un film troublant de sincérité dans sa brutalité, d’une puissance romanesque folle, un film mélancolique mais optimiste malgré tout. Et derrière la performance d’équilibristes amoureux, j’ai aimé être confrontée à ces questions essentielles, celles du deuil, de l’héritage, de la transmission, du vide, le vide laissé par l’absent, quelque soit le motif de l’absence.

Parce que ces questions nous concernent tous, allez-y. Urgemment. Allez-y aussi parce qu’il y a « indéfectiblement » dedans.

Et « rondade ». Je crois que c’est rare un film avec « indéfectiblement » et « rondade » dedans.


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