A propos d’une lettre au temps

adminHumeur, Non classé2 Comments


 

Hier, en parcourant un autre blog, j’ai lu un très beau texte, une lettre au temps qui passe. Un sujet qui peut sembler bateau, vu et revu, lu et relu, que j’ai peut-être moi-même déjà abordé ici, je ne sais pas, je ne sais plus. Mais malgré son apparente banalité, j’ai trouvé ce texte très émouvant. Sans doute parce qu’il était en adéquation avec ce que je vivais.

Il était question du temps qui passe donc, qui file, sans qu’on n’ait bien le temps d’en profiter. Parfois certains disent que le temps passe sans qu’on ne s’en aperçoive. Là justement il était question de quelqu’un qui s’en apercevait, violemment, chaque matin, en regardant son fils. Il grandissait, il changeait, vite, tellement vite.

Si ce texte m’a touchée c’est aussi parce qu’il tournait autour d’un tout petit enfant en train de devenir grand. Quand je regarde les photos d’il y a presque 3 mois, je n’en reviens pas, il était si petit, il est déjà si grand. C’est un peu comme si le temps nous volait nos bébés, et de précieux moments.

Il était question de quelqu’un qui voyait le temps filer et qui n’avait aucun pouvoir, aucun moyen de le freiner, de l’arrêter.

Il était question des jeunes qui deviennent si vite vieux, de nos enfants bien sûr, mais de nous aussi. Forcément. Il y avait des rides, des cheveux blancs, des os qui craquent, de la souplesse qui se perd, des douleurs qui apparaissent. Il y avait la décrépitude qui se tient prête à nous surprendre, qui nous attend, tous.

Il était question des souvenirs des vieux qui ont, à un certain moment, été jeunes. Et j’ai pensé à ceux qui ne sont plus là, que je ne reverrai jamais, qui sont restés derrière moi mais que je n’oublie pas. Entretenir les souvenirs, même ceux des vivants. Conserver des images, même de ceux qu’on ne voit pas assez souvent.

Ca m’a rendue triste tout ça.

J’étais en congé, je croyais avoir le temps, je croyais que j’aurais du temps : du temps pour profiter de lui, du temps pour avancer sur certains projets, du temps pour écrire aussi.

Et là encore, le temps m’a joué un tour : je reprends le travail la semaine prochaine et je n’ai rien fait. J’en ai juste profité. J’en ai profité pour le contempler longuement, pour l’embrasser des milliers de fois, pour le serrer fort, lui parler, l’écouter. Et puis j’ai culpabilisé en pensant à ce que j’avais à faire et que je n’ai pas trouvé le temps de faire.

Je voulais par exemple terminer l’histoire de Rose et de Paul, et une autre encore, et puis je voulais aussi en commencer une nouvelle. J’en avais très envie, j’y ai pensé chaque jour, chaque nuit, mais je n’ai pas réussi. Le problème, voyez-vous, c’est qu’un bébé ce n’est pas comme un chat, c’est compliqué de le poser sur ses genoux et d’écrire en lui caressant la tête. Quoique. En grandissant le bébé devient de plus en plus calme : ce texte par exemple, je suis justement en train de l’écrire d’une seule main, le bébé installé dans l’autre bras. Si on fait abstraction du fait que j’ai le bras gauche tétanisé, ça le fait comme on dit. (Enfin les autres, moi en vrai je ne dis jamais ça.)

Dans quelques jours je reprends le train. Je vais à nouveau regarder défiler des paysages tristes en somnolant puisque oui, je suis quand même un tout petit peu fatiguée. Ce n’est pas trop mon genre les insomnies, alors même si je supporte finalement plutôt bien les réveils intempestifs qui rythment mes nuits depuis quelques mois, je sens que le bercement du train aura vite raison de moi.

Mais je réussirai, je les finirai ces histoires. Promis.

Je ne prends pas de résolution, je trouve ça con, mais si je devais en prendre une, je prendrais celle-ci : finir les textes commencés.

Parce que c’est important de finir les histoires.

Parce que c’est moche de ne pas donner de nouvelles aux gens.


2 Comments on “A propos d’une lettre au temps”

  1. Je suis touchée de t’avoir touchée. Le temps qui passe est mon pire ennemi, mais comme toi j’essaie de profiter des petits moments, et au moins on n’a rien à regretter. Merci.

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